Le Venezuela perd son dernier glacier, un « symbole » des conséquences du réchauffement climatique

Avec la disparition du glacier La Corona, le Venezuela devient le premier pays d’Amérique latine à perdre l’ensemble de ses glaciers. Un symbole, alertent les scientifiques, de la menace qui pèse sur les glaciers tropicaux face au dérèglement climatique.

 

C’était le dernier des « cinq aigles blancs ». Niché à 4 940 mètres d’altitude sur le pic Humboldt, dans les Andes vénézuéliennes, le glacier de La Corona n’est désormais qu’une maigre étendue de neige et de glace. Réduit à moins de deux hectares contre 450 autrefois, les scientifiques du pays considèrent désormais que ce n’est plus un glacier mais un simple « champ de glace ». Selon les normes internationales, un glacier doit en effet mesurer 10 hectares minimum pour être considéré comme tel.

Avec cette annonce, formulée mi-mai, le Venezuela signe une sombre première : il devient le premier pays d’Amérique latine à perdre la totalité de ses glaciers, qui s’étendaient pourtant, il y a encore un siècle, sur près de 1 000 hectares.

« Aujourd’hui, ce glacier n’accumule plus assez de neige pour compenser la fonte de sa glace. Il se réduit donc petit à petit et est condamné à disparaître définitivement dans quelques années », explique Antoine Rabatel, glaciologue à l’université Grenoble-Alpes. Depuis 2011, il était l’ultime de la cordillère des Andes vénézuéliennes, les quatre autres ayant déjà disparu.

« Il a souffert de son manque d’altitude »

« Comme beaucoup de glaciers situés aux tropiques, il a souffert de son manque d’altitude », poursuit le spécialiste. « Car même si cette cordillère culmine à près de 5 000 mètres, c’est bas, pour cette région tropicale. Et cela rend le glacier particulièrement vulnérable au réchauffement climatique. »

Pour cause, « sous l’effet de la hausse mondiale des températures liée au dérèglement climatique, l’isotherme zéro degré, c’est-à-dire la limite d’altitude en dessous de laquelle les températures sont positives, remonte », détaille-t-il.

En d’autres termes, au fil du temps et du mercure qui grimpe, il faut aller de plus en plus haut pour voir les températures passer sous la barre des 0°C et que la pluie devienne de la neige. Sauf que, pour qu’un glacier perdure, il faut que de la neige s’y accumule et que de la glace se forme. Pour qu’un glacier survive, il doit donc se situer de plus en plus haut, au-dessus de cet isotherme zéro degré. Dans les tropiques, les spécialistes estiment que cette frontière se situe désormais entre 4 850 et 5 000 mètres d’altitude.

« Ces dernières années, l’isotherme zéro degré a dépassé l’altitude maximum du glacier la Corona, la zone d’accumulation de neige a donc progressivement disparu, condamnant ainsi le glacier », résume Antoine Rabatel.

À plus ou moins long terme, une grande majorité des glaciers tropicaux comme celui-ci sont ainsi menacés, alerte le glaciologue. À l’échelle du globe, ils couvrent près de 2 000 km², soit l’équivalent des Alpes européennes. Ils se répartissent dans une douzaine de pays, en très grande majorité en Amérique du Sud – au Pérou, en Bolivie, en Colombie et en Équateur, mais aussi en Afrique comme le Kenya, l’Ouganda et la République démocratique du Congo, ou encore en Asie avec l’Indonésie.

« Tous ceux qui sont situés à des altitudes trop basses par rapport à l’isotherme zéro degré annuel risquent de disparaître », insiste-t-il. « Et le problème risque de s’empirer car plus les températures mondiales grimperont, plus cette limite sera haute et plus les glaciers concernés seront nombreux. »

« Ceux qui sont les plus bas, en Afrique et en Indonésie, sont déjà condamnés et disparaîtront dans la décennie à venir », prévoit-il. Et d’ici la fin du siècle, selon les projections des experts de l’ONU, c’est près de 90 % des glaciers tropicaux qui risquent de disparaître si la trajectoire des émissions de CO2 se poursuit – 60 % si l’accord de Paris est respecté. « Il ne restera que les plus hauts d’entre eux », tranche le spécialiste.

 

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