Chronique Littéraire – Un été anglais de Marc Desaubliaux : il avait 15 ans, elle en avait 40…

Nous relayons ici la chronique littéraire de l’un de nos lecteurs sur le roman Un été anglais de Marc Desaubliaux.

Lorsqu’il découvre le courrier dans sa boîte aux lettres, Fabrice reconnaît immédiatement l’écriture. Celle-ci le ramène quarante ans en arrière, à l’été 1968, lors d’un voyage linguistique…

Fabrice n’est plus le même. Il avait quinze ans à l’époque, à présent il en a cinquante-six. Pourtant il n’a rien oublié. En cet été 1968, il est parti pour Londres non par pour améliorer son niveau d’anglais, qui était déjà très bon, mais pour découvrir « l’art de vivre de ce pays si différent ».

En arrivant dans sa famille d’accueil à High Wycombe, Fabrice fait la connaissance de Margaret qui dirige la maison seule, car son mari travaille à Londres toute la semaine, et les enfants sont au pensionnat. Et immédiatement, la jeune femme tombe sous le charme de ce jeune français poli et timide. Quant au garçon, il est à un âge où les tentations sont nombreuses, mais aussi à un stade complexe où Margaret représente aussi bien l’amour maternel que le désir charnel…

Le sujet a le mérite d’être clair. Rien qu’en regardant la couverture du livre et en lisant le résumé, il n’y a aucun doute possible. On sait de quoi l’histoire va parler, de la relation entre une femme mûre et un adolescent. Cela implique bien des choses, mais c’est avant tout sur le trouble de Fabrice et sur la manière de faire très perverse de Margaret que s’attarde l’auteur. L’emprise de cette femme sur le garçon se ressent dans l’écriture, et c’en est parfois glaçant. Pourtant, tout est raconté dans la retenue. Rien de choquant, rien de malsain, mais il règne une ambiance troublante qui montre tout le talent d’écriture de l’auteur.

L’histoire commence donc avec le Fabrice de cinquante-six ans qui reçoit cette lettre qui le replonge dans ses vieux souvenirs. Et elle se termine lorsqu’il retrouve Margaret et qu’elle lui explique pourquoi elle lui a demandé de venir. C’est sur son trajet entre Paris et High Wycombe qu’il se souvient et que l’on découvre ce qu’il s’est passé en cet été 1968. On comprend alors, au fil de notre lecture, comment le protagoniste a pu devenir ce qu’il est : un homme seul, mal dans sa peau, dont la seule jouissance de la journée semble être d’ouvrir son courrier pour y découvrir quelque chose d’inattendu…

Il est très intéressant, dans le roman de Marc Desaubliaux, de découvrir que le sujet du consentement et de l’abus sexuel est ici traité du point de vue d’un jeune homme, et non d’une jeune fille comme c’est majoritairement le cas dans les romans. Et l’écriture, si belle, nous fait parfois oublier les tourments de Fabrice tant on est pris dans l’ambiance british dépeinte par l’auteur. Troublant !

LecturesB

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