Le Covid-19 va-t-il précipiter la fin de l’argent liquide ? (et pourquoi c’est tragique)

Plusieurs spécialistes pensent que la crise du coronavirus pourrait entraîner la fin de l’argent liquide. Mais partout dans le monde, une résistance s’organise déjà.

Si la fin de l’argent liquide est prédite depuis longtemps par de nombreux spécialistes, elle pourrait trouver un point d’appui opportun dans la crise du coronavirus. En effet, depuis le début de la pandémie, le paiement en espèce n’a plus le vent en poupe. Avant la crise, pas moins d’un Français sur deux réglait ses achats en espèce. Aujourd’hui le cash s’est totalement effondré.

De nombreux commerçants refusent déjà l’argent liquide

Par peur de transmettre le virus, beaucoup de clients privilégient donc la carte bancaire et en particulier le « sans contact ». Cette solution a d’ailleurs très vite été préconisée par l’OMS. Bien que cette pratique soit totalement illégale, certains commerçants refusent même l’argent liquide et exigent l’utilisation du sans contact. Le gouvernement a d’ailleurs lui aussi favorisé ce moyen de paiement en relevant son plafond à 50€ dès le 11 mai. Bruno Le Maire a ainsi annoncé que « cette évolution contribue au renforcement de la sécurité sanitaire dans le commerce de détail et facilitera ainsi une reprise rapide de l’activité dans ce secteur ».

Une proximité de plus en plus importante entre l’être humain et son compte bancaire

Reste que ce changement s’inscrit dans une certaine continuité. Lancé à l’origine avec un plafond de 20€, il avait déjà été relevé à 30€ fin 2017. La possibilité de payer avec son smartphone, apparue aussi ces dernières années, s’inscrit directement dans cette logique de dématérialisation. Et outre les risques de détournements informatiques, c’est aussi la proximité de plus en plus importante entre l’être humain et son compte bancaire qui questionne.

Et bientôt la puce sous la peau ?

On a ainsi vu en Suède plusieurs milliers de personnes se faire implanter une puce électronique, comme une véritable extension d’eux-mêmes et grâce à laquelle il est notamment possible de faire des achats. Ce que l’on avait longtemps imaginé comme de la science fiction devient aujourd’hui réalité. Notre compte bancaire pourrait alors devenir une véritable part de notre identité, instaurant un lien toujours plus fort entre l’Homme et l’argent… et rendant les transactions toujours plus faciles, instantanées, « indolores » et donc, paradoxalement, moins sous la maîtrise des individus.

La dangerosité du cash n’est pas établie

C’est ce qui explique peut-être que, partout dans le monde, l’argent liquide trouve ses défenseurs. Dans le contexte de la crise du coronavirus, la Banque des règlements internationaux assure que « les études scientifiques montrent que la probabilité d’une transmission via des billets de banque est faible quand on la compare avec d’autres objets fréquemment touchés, comme les terminaux de cartes de crédit ou les claviers d’identification personnelle ».

La fin de l’argent liquide pénaliserait les plus vulnérables

Là ou l’argent dématérialisé permet un contrôle total de l’État sur ses citoyens, il pénaliserait en revanche des groupes de population les plus faibles. Il imposerait ainsi définitivement d’entrer dans le système bancaire ; or aujourd’hui, 1,7 milliards de personnes dans le monde ne sont pas bancarisées. L’argent liquide est aussi vital pour les personnes âgées, les sans abri et les plus précaires.

L’argent liquide va disparaître d’ici 10 ans selon Michel Santi

Michel Santi, économiste, en est pourtant certain, « l’usage des espèces – du cash – est en voie de disparition et le Coronavirus achèvera de creuser sa tombe ». Selon lui ce phénomène inéluctable pourrait entraîner avec lui la disparition pure et simple des banques traditionnelles, balayées par le tout digital. On peut ainsi penser aux nombreuses monnaies virtuelles apparues ces dernières années, comme par exemple celles lancées par Facebook ou Amazon.

L’argent ne sera plus qu’une simple donnée informatique

Dans une prédiction terrifiante, Michel Santi ajoute : « l’avenir de l’argent consistera en des applications diverses et variées qui seront programmées dans le sens de l’hyper personnalisation où les besoins des consommateurs, leur solvabilité et leur épargne y seront intégrés ». Ainsi, pour lui l’argent ne sera bientôt plus qu’une simple donnée informatique à la merci de grandes entreprises.

Sans contrôle sur sa monnaie, l’Etat n’est plus rien

Or si ces prévisions venaient à se réaliser, et si jamais des monnaies virtuelles venaient à prendre le pas sur les monnaies nationales, les gouvernements ne seraient plus libres de contrôler leurs propres économies. Dans de telles conditions, impossible par exemple de faire tourner la planche à billets. La France a d’ailleurs déjà pu s’en rendre compte avec l’euro contrôlé par la banque centrale européenne et non plus par la nation. La monnaie sous sa forme actuelle est « l’instrument idéal pour exercer et maintenir jusque-là la régulation et l’emprise de l’État », explique Michel Santi. Mais qu’arrivera-t-il lorsque des multinationales privées auront le pouvoir sur des crypto monnaies utilisées par des milliards de personnes ? Et même si en France, et partout dans le monde, la résistance s’organise déjà, notamment avec l’apparition des monnaies locales, ce futur hypothétique a malgré tout de quoi inquiéter.

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