Effondrement de l’école républicaine : quand la volonté déserte les salles de classe

Pendant que les gouvernements successifs se félicitaient de l’augmentation du taux de bacheliers ces dernières décennies, le niveau scolaire français ne cessait de s’écrouler. Diagnostic d’un aveuglement et d’une désertion de la volonté.

J’ai peu de souvenirs de l’école. Sans être particulièrement brillant, je crois l’avoir aimée. Je ne m’y suis pas ennuyé, j’y ai beaucoup lu. J’ai épousé un professeur de français. Quand on est d’une nature sauvage, on épouse les amis de sa femme. Je vis depuis 23 ans dans un milieu d’enseignants. J’ai subi de plein fouet les réformes éducatives. Par curiosité, j’ai commencé à lire des ouvrages qui traînaient sur ma table de nuit sur la crise de l’école. Les faits sont désormais acceptés. Les élèves ont changé et le niveau a baissé.

Près d’un Français sur trois ne sait plus lire couramment

En 2018, dans son rapport au ministre, Alain Bentolila, professeur de linguistique, déclare que 12 % des jeunes Français de 17 à 18 ans sont en difficulté de lecture et d’écriture. « Pour tous ces jeunes gens et jeunes filles, la défaite de la langue, c’est aussi la défaite de la pensée. » 30 % des Français seraient « peu lecteurs », donc « incapables de lire et de comprendre un texte de plusieurs pages. » Au vu des moyens investis dans l’Éducation nationale, avouons que le résultat est décevant.

Tous les trois ans, la presse feint de découvrir dans le classement PISA que nos écoles s’enfoncent doucement dans la médiocrité. Cette enquête réalisée pour l’OCDE évalue les compétences de 600 000 élèves de 15 ans sur la compréhension de l’écrit, la culture mathématique et la culture scientifique. Fin 2019, la France était classée 23edes 79 pays évalués. Nous, qui sommes particulièrement fiers de notre filière mathématique — nous talonnons les États-Unis au classement des médailles Fields, le « Nobel » de la discipline —, pourrions être amenés à déchanter. En effet, en 2019, l’étude TIMSS sur l’enseignement des mathématiques et des sciences nous a classés avant-derniers : « Le niveau des élèves de 4ede 2019 en maths est équivalent à celui des élèves de 5e en 1995 dans cette matière ». Seuls 2 % des élèves atteignent le niveau « avancé » en maths : ils sont 11 % dans l’Union européenne et 50 % à Singapour.

Le niveau chute encore plus vite en « culture scientifique », où nous sommes passés du top 15 au début des années 2000 à la 27e place en 2015. Plus grave pour la pérennité de notre modèle égalitaire, la différence (107 points) entre les élèves issus d’un milieu favorisé et ceux issus d’un milieu défavorisé est nettement supérieure à celle observée dans les pays de l’OCDE (88 points). Le niveau des élèves les plus faibles baisse encore plus vite, l’école semble accroître les inégalités !

Dans le lycée de ma femme, tous les jeunes professeurs de mathématiques sont des Magrébins formés au pays ayant bénéficiés de bourses universitaires. Tous sont sidérés par la faiblesse de leurs élèves.

Un seul objectif : les 80 % d’une classe d’âge au bac, le Graal du ministre

Qu’est devenue l’exigeante école des Hussards noirs de la République ? L’Éducation nationale semble tétanisée, les yeux fixés seulement sur une vieille promesse, celle de mener 80 % pour d’une classe d’âge menée au bac — dont 53,5 % en général, 21 % en technologique et 25,5 % en professionnel. Il était de 4,4 % en 1946 et de 20 % en 1970.

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Sur ce sujet, voir ou revoir notre interview de Jean-Paul Brighelli :

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