Il y a 30 ans, l’écrivain Gabriel Matzneff passait dans l’émission « Apostrophe » de Bernard Pivot pour parler le plus tranquillement du monde de son attirance sexuelle à l’égard des enfants et de la façon dont il les « possédait ». Aujourd’hui, les langues se délient.
En 1990, au beau milieu des plateaux télévisés, Gabriel Matzneff, tout sourire, présente son livre « mes amours décomposés » dans lequel il relate les relations dites « passionnelles » qu’il entretenait avec des jeunes filles et jeunes garçons de 10 à 15 ans, allant même jusqu’à décrire sans scrupule la manière dont il les sodomisait. Le tout, avec la complaisance bienveillante du milieu littéraire.
Gabriel Matzneff n’a jamais caché ses attirances pour les adolescentes, comme sur le plateau d’ « Apostrophes », en 1990. Vanessa Springora publie un livre, « Le consentement », dans lequel elle décrit l’emprise qu’il a exercé sur elle dans les années 80 quand elle était mineure. pic.twitter.com/T2l2xyEsmC
— Ina.fr (@Inafr_officiel) December 26, 2019
À l’époque, une seule personne s’insurge : Denise Bombardier. « Quand je suis arrivée sur le plateau je savais que j’allais faire cette intervention. […] J’ai pris la parole, parce que les gens ne disaient rien sur son livre. Il y avait un couple de catholiques qui était là pour défendre la fidélité dans le mariage et qui n’a pas dit deux mots. D’ailleurs la dame ne fait que rire », affirme t-elle outrée. Pour avoir critiqué un tel écrivain, elle a été taxée de folle « mal baisée ». Le Figaro écrivit alors : « Dénoncé en direct comme un quasi-pédophile appelé à répondre de ses actes devant la justice pour les outrages imposés à des jeunes filles flétries», «Gab’la rafale» tint le choc, mais ce lynchage télévisuel laissa des traces« . On croit rêver.
Et Libération, plus immonde encore, commentait : « Un nom comme ça ne s’oublie pas. Voici déjà pas mal d’années, il me semble avoir entendu Mme Denise Bombardier franchir, chez M. Bernard Pivot, le mur du son. J’en conserve le souvenir, un peu flou mais encore suffisamment effrayant, d’éructations appuyées et de glapissements torquemadesques. Il était question de pédophilie dont ce pauvre Gabriel Matzneff, je crois, fut la cible. C’était bien avant l’affaire Dutroux, mais déjà Christine Boutin pointait sous Bombardier. »
Aujourd’hui, l’éditrice Vanessa Springora, l’une des victimes du pédophile assumé Matzneff la remercie pour avoir osé lui faire face alors que tout le monde semblait être tombé sous son « charme d’intellectuel ». Elle a d’ailleurs écrit un livre intitulé « Consentement », qui sortira le 2 janvier prochain, dans lequel elle raconte la relation entretenue avec Matzneff alors qu’elle n’avait que 14 ans et lui 50.
Un activiste effréné de la pédophilie…
Matzneff se définit comme un artiste libre et « éphébophile » (attiré par les enfants des deux sexes). Pour lui, la pédophilie est un « style de vie », et c’est sans complexe qu’il dévoile ses expériences les plus crues et immorales dans certains de ses livres, lesquels lui ont valu quelques soutiens mais également beaucoup de critiques. Monsieur se sent alors persécuté et se compare aux juifs déportés lors de la Seconde guerre mondiale ! Il dit alors porter « l’étoile jaune de l’immoraliste ». On en a presque les larmes aux yeux… Notons toutefois que cela ne l’a pas empêché de remporter des prix littéraires : Prix Amic en 2009 et Prix Renaudot essai en 2013. D’ailleurs l’un de ses livres faisant l’apologie de la pédophilie Les moins de 16 ans a été réédité en 2005. Oui, car tout ceci n’est… que de l’art !
Pour se faire une idée plus claire de ses écrits, en voici quelques extraits, mis au jour par Salim Laïbi (âmes sensibles, s’abstenir !) :
Matzneff, défendu par l’intelligentsia parisienne
L’affaire Matzneff témoigne de l’esprit de corporation dont font preuve les « intellectuels » du tout-Paris, qui se croient au dessus des lois et de la morale. En effet, aussi étonnant et scandaleux que cela puisse paraître, on ne compte plus le nombre de personnalités ayant manifesté publiquement leur soutien à Matzneff (et à d’autres pédophiles assumés), à l’époque des faits, mais également récemment ! Bernard Henry Levy, par exemple, écrit sur Matzneff en 2018, alors que les pratiques de l’écrivain sont sues de tous et depuis longtemps : « (…) j’ai toujours eu un faible pour sa façon d’écrire ce qu’il vit et de vivre comme il écrit » (source). Ou encore Christine Angot, qui estime qu’« elle prouve, cette femme [Denise Bombardier], que ce qui dérange, ce n’est pas ce qu’il fait dans la vie, c’est l’écriture. Elle lui reproche en fait d’être un écrivain, c’est ça qui la dérange ». Ah non, Christine, ce n’est pas le fait qu’il soit écrivain qui dérange, mais le fait qu’il attire à lui des enfants tel un prédateur et qu’il les sodomise à la chaîne !
Alain Soral, également, prend la défense du pédophile assumé Matzneff : « Mais voilà, heu… moi je reste toujours dans un débat de vérité et par exemple, moi, je défends en ce moment Gabriel Matzneff. Je dis, je connais Gabriel Matzneff, ce n’est pas une ordure, voilà, même si, très longtemps dans sa vie, il a aimé avoir des histoires d’amour, des vraies histoires d’amour avec des échanges de lettres, etc. parce que je connais sa réalité, parce que j’ai eu une fiancée qui était une ancienne fiancée de Gabriel Matzneff et qui avait été sa maîtresse quand elle avait 14, 15 ans.« . Finkielkraut use exactement des mêmes arguments pour défendre Polanski…
Rappelons que dans son livre Les Moins de seize ans (1974), Matzneff écrit : « Lorsque vous avez tenu dans vos bras, baisé, caressé, possédé un garçon de 13 ans, une fille de 15 ans, tout le reste vous paraît fade, lourd, insipide ».
Cette protection hallucinante et émétique du petit milieu germano-pratin à l’égard d’un pédophile assumé ne date pas d’hier : en 1977, dans une tribune au journal Le Monde, Matzneff demande la dépénalisation des relations avec les moins de 15 ans, sa pétition sera signée par des personnalités telles que Roland Barthes, Simone de Beauvoir, André Glucksmann, Bernard Kouchner, Jean-Paul Sartre ou encore Jack Lang…
Bernard Pivot, étonnamment complaisant dans son émission à l’égard de Matzneff, explique :
Dans les années 70 et 80, la littérature passait avant la morale; aujourd’hui, la morale passe avant la littérature. Moralement, c’est un progrès. Nous sommes plus ou moins les produits intellectuels et moraux d’un pays et, surtout, d’une époque.
Dans les années 70 et 80, la littérature passait avant la morale; aujourd’hui, la morale passe avant la littérature. Moralement, c’est un progrès. Nous sommes plus ou moins les produits intellectuels et moraux d’un pays et, surtout, d’une époque.
— bernard pivot (@bernardpivot1) December 27, 2019
Oui, sauf que, d’une part Matzneff assume le fait que ce qu’il écrit est la réalité, et cela change tout, et d’autre part, on ne parle pas d’une époque « révolue » ! Envers et contre tout, le petit milieu parisien continue de défendre l’indéfendable, à l’image de cette ex-journaliste du journal Le Monde :
« Les temps ont changé, il est devenu indéfendable » : dans un contexte post-metoo, le malaise Gabriel Matzneff. La chasse aux sorcières continue. Et Denise Bombardier devient une référence. Quelques résistants quand même.
« Les temps ont changé, il est devenu indéfendable » : dans un contexte post-#metoo, le malaise Gabriel Matzneff — via @lemondefr. @ChristinaStirka. La chasse aux sorcières continue. Et Denise Bombardier devient une référence. Qq résistants qd même https://t.co/1kbiOSjxBa
— Josyane Savigneau (@josavigneau) December 23, 2019
Et pendant que certains se plaignent d’une « chasse aux sorcière » (on croit rêver), d’autres, surtout, continuent de sévir ! Car au-delà de Gabriel Matzneff qui n’est que la partie émergée de l’immonde iceberg pédophile, on est en droit de se demander quand les pédophiles assumés de son genre paieront pour leurs actes. Car Matzneff n’est pas le seul, loin de là, à avoir narré ses exploits pédophiles dans ses livres. Et après les pédophiles du passé, quand les pédophiles du présent seront-ils débusqués et punis à la hauteur de leur crime ?
Il est grand temps.
Le Média pour Tous