Nous évoquions dans un précédent article l’importance de travailler avec les enseignants en formation sur l’épistémologie, notamment sur la question des différences entre croyances, connaissances individuelles et connaissances scientifiques. Nous définissions ainsi les connaissances scientifiques comme des descriptions du monde établies par un consensus collectif de spécialistes d’un domaine donné, considérées comme vraies jusqu’à preuve du contraire, justifiées à l’aide de méthodes robustes, et susceptibles d’être révisées.
Si former des penseurs critiques consiste à fournir des outils et méthodes pour arriver à se forger une opinion éclairée car fondée sur des preuves solides, il est alors nécessaire d’interroger les différents types de preuves sur lesquelles s’appuyer pour y parvenir. En questionnant les participants, nous faisons toucher du doigt que cette notion de preuve est plus complexe qu’il n’y paraît. Pour beaucoup, une preuve doit être « irréfutable » en ce sens qu’elle ne doit souffrir aucune contestation possible. On peut alors faire remarquer que cela entre en contradiction avec les caractéristiques de la méthode scientifique qui veut que la vérité de toute assertion puisse être toujours questionnée. Preuves et connaissances sont bien entendu liées puisque c’est par le recours aux preuves que s’établissent les différentes connaissances scientifiques dont nous disposons aujourd’hui. Nous précisons ainsi qu’il vaut mieux parler de la « force » d’une preuve, de sa validité, ou encore du niveau de confiance que l’on peut lui accorder, pour établir la réalité d’un phénomène quelconque.
Ce que l’on entend par preuve dépend du contexte et des disciplines (une preuve en physique des particules ne sera pas de même nature qu’une preuve en médecine, en psychologie sociale, en histoire ou en mathématiques) et permet d’étayer une proposition. De manière générale, on pourra résumer cela en définissant la preuve comme ce qui permet d’établir la vérité d’une proposition et par là, d’affirmer l’existence d’un fait ou d’un phénomène.