Un nouveau rapport explosif du New York Times montre comment Washington a inutilement alimenté les pires craintes de la Russie et précipité l’invasion, justifiée ou non.
Le message de la Maison Blanche sur la guerre en Ukraine s’articule autour de deux adjectifs simples mais puissants. Il y a près de deux ans, le président Joe Biden et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen ont déclaré : « Nous sommes unis dans notre condamnation de la guerre d’agression injustifiée et non provoquée menée par la Russie contre l’Ukraine. »
La formule « injustifiée et non provoquée » a été utilisée à de nombreuses reprises par un chœur de hauts fonctionnaires américains et d’alliés, devenant rapidement un pilier rhétorique de la campagne de pression maximale de Joe Biden contre le Kremlin.
Ce message confond deux questions importantes, mais fondamentalement différentes. Il ne fait aucun doute que l’invasion de la Russie a fait payer un lourd tribut humain à l’Ukraine et qu’elle a bouleversé la sécurité européenne d’une manière que peu de gens avaient anticipée avant février 2022. Mais elle n’est pas sans contexte, qui comprend une litanie de griefs qui – même s’ils sont injustifiés du point de vue de l’Occident – constituent ce que le Kremlin a considéré comme une provocation suffisante pour déclencher la guerre la plus destructrice en Europe depuis 1945.
Un article explosif du New York Times, rédigé par Adam Entous et Michael Schwirtz, met en lumière les principaux développements qui ont précédé l’invasion à grande échelle de l’Ukraine. Selon le rapport, le gouvernement ukrainien s’est engagé dans un vaste partenariat avec la CIA contre la Russie. Cette coopération, qui impliquait l’établissement de pas moins de 12 « bases d’opérations avancées » secrètes de la CIA le long de la frontière ukrainienne avec la Russie, a débuté non pas avec l’invasion de la Russie en 2022, mais il y a un peu plus de 10 ans.
Quelques jours après la révolution Euromaidan de février 2014, qui a abouti à l’éviction du président Viktor Ianoukovitch et à la mise en place d’un gouvernement résolument pro-occidental, le nouveau chef du Service de sécurité de l’Ukraine (SBU), Valentyn Nalyvaichenko, aurait proposé un « partenariat tripartite » avec la CIA et le MI6, le service de renseignement extérieur du Royaume-Uni. Les responsables ukrainiens de la sécurité ont progressivement prouvé leur valeur aux États-Unis en fournissant à la CIA des renseignements sur la Russie, notamment des « documents secrets sur la marine russe », ce qui a conduit à l’établissement de bases de la CIA en Ukraine pour coordonner les activités contre la Russie et à divers programmes de formation pour les commandos ukrainiens et d’autres unités d’élite.
Un diplômé de l’un de ces programmes de formation de la CIA, le lieutenant-colonel Kyrylo Budanov, est devenu le chef du renseignement militaire ukrainien.
Kiev a régulièrement repoussé les limites de cette relation, violant les lignes rouges de l’administration Obama concernant les opérations meurtrières en assassinant des combattants russes de premier plan sur des territoires contrôlés par des séparatistes alignés sur la Russie. Le partenariat entre Kiev et la CIA s’est approfondi sous l’administration Trump, démentant une fois de plus l’idée sans fondement selon laquelle l’ancien président Trump était d’une certaine manière favorable aux intérêts de la Russie lorsqu’il était en fonction.