La députée LREM en guerre contre la « haine en ligne » accusée de tenir des propos haineux !

Alors que la loi destinée à lutter contre la haine sur Internet doit être adoptée aujourd’hui à l’Assemblée Nationale, l’instigatrice de la proposition de loi, la députée LREM Laetitia Avia, est mise en difficulté suite à une enquête de Mediapart publiée mardi soir.

Cinq anciens collaborateurs reprochent en effet à la députée des comportements qui sont à l’opposé de ce qu’elle prétend défendre. Racisme, homophobie, sexisme et harcèlement au quotidien, bienvenue dans le monde de la représentante du peuple : Laetitia Avia !

Des discriminations systémiques…

Propulsée sur le devant de la scène après avoir portée la loi contre la cyberhaine (appelée loi Avia) en 2019, la députée LREM semble s’être appropriée certains comportements haineux, selon les dires de ses anciens collaborateurs. En effet, ces derniers évoquent « une gamine de 4eme B au collège qui n’a pas grandi et pour qui la vie est une cour de récré ». Selon une de ses anciennes assistantes, il y aurait « un fossé entre les valeurs qu’elle défend publiquement et ce [qu’elle a] constaté en travaillant à ses côtés ». Elle dénonce aujourd’hui les insultes prononcées à l’encontre d’un de ses salariés d’origine asiatique : « c’était son bouc émissaire, elle l’appelait parfois « le Chinois » ou reprenait des clichés racistes pour parler de lui », comme par exemple « ça sent le chinois » ou « tu es un faux Chinois, tu ne maîtrises pas Mac ». Se réclamant pourtant de la lutte contre l’homophobie et de toutes les discriminations possibles et imaginables, il semblerait que la députée ait en réalité quelques soucis avec les valeurs du « vivre-ensemble ». « On a voté l’amendement des PD », aurait-elle déclaré dans une conversation écrite avec ses collègues, en parlant du vote d’un amendement en faveur des réfugiés LGBT. Également, et selon un de ses anciens attachés parlementaires, Laetitia Avia se permettait régulièrement « des sorties très déplacées sur l’orientation sexuelle d’un collègue homosexuel ». « Elle insulte souvent les députées qu’elle n’aime pas de « pute ». Elle se moque aussi beaucoup de leur physique », et « parfois, elle se moque du physique de certaines militantes de sa circonscription, mais aussi de membres de l’équipe quand ils ne sont pas là. L’un est trop gros, l’autre s’habille mal », rapporte un de ses anciens collègues.

Un autoritarisme absolu au travail

Ses anciens assistants parlementaires dénoncent également des conditions de travail harassantes, où viennent s’ajouter des « humiliations à répétition » : « Avia, c’est un système qui vous broie », confie l’un d’entre eux, tandis qu’une ex-collaboratrice assure que « travailler pour elle, c’était être sollicitée de 7 heures à 1 heure du matin. Même le week-end ». Quant à une autre de ses assistantes, elle semble décrire une situation tout à fait hors du commun, tout droit sortie d’un mauvais film de despote : « elle avait aussi prévenu l’équipe qu’elle ne supportait pas la chaleur et m’avait demandé d’avoir une bouteille d’eau et un brumisateur toujours sur moi pour elle lorsqu’il faisait chaud. En juin 2018 par exemple, j’ai dû brumiser ses jambes à plusieurs reprises ». Les anciens collègues de la députée estiment tous avoir été « noyés » par la charge de travail : « elle nous demandait de gérer ses rendez-vous personnels comme de prendre rendez-vous chez le notaire ou de réserver une place pour son mari à Roland-Garros », rapporte l’un d’entre eux. Également professeur à Sciences Po en droit des sociétés, Laetitia Avia chargeait un de ses collaborateurs de corriger ses copies, en lui demandant de surnoter de « 1,5 [points] en plus » afin de « la laisser tranquille ». Si jamais un retour de la part d’un des élèves devait avoir lieu, la représentante du peuple s’amusait avec un brin d’ironie sur Telegram en disant à ses collègues : « on lui dit la vérité ? » « Elle était capable de piquer de grosses colères ou de nous infantiliser en permanence, mais pouvait devenir tout à fait adorable ou s’excuser quand elle allait trop loin. Psychologiquement, c’est très dur à gérer et ça maintenait une emprise », décrit un ancien employé. D’autre part, Mediapart révèle que « la déontologue de l’Assemblée Nationale a été saisie au moins six fois sur le cas de la députée », mais également les cabinets du patron des députés LREM Gilles Le Gendre et du président de l’Assemblée nationale Richard Ferrand, qui n’ont jamais donné suite à ces signalements.

L’arroseuse karcherisée

En première ligne pour criminaliser la pensée à coup de « lutte contre toutes les discriminations » du monde, aujourd’hui, Laetitia se trouve dans le viseur de la LICRA. La réalité ringardise, une fois de plus, la fiction !

La députée Laetitia Avia tente de se justifier sur Twitter

Hier soir, la députée a tenté de se justifier sur son compte Twitter, dénonçant des « accusations mensongères et incohérentes », elle déclare en outre n’avoir « jamais été raciste ou homophobe », et qu’« au contraire, [son] parcours politique n’a pour raison d’être que la lutte contre le racisme et toutes les discriminations ». Pour Avia, tout ceci n’est qu’un complot : elle explique en effet que « des bouts de messages privés ont été tronqués, détournés et décontextualisés. C’est de la manipulation honteuse », s’est-elle indignée. Elle a également présenté ses « sincères excuses à tous ceux qui ont pu se sentir heurtés à la lecture de ces extraits », et a assuré aller « déposer plainte pour diffamation ». Cependant, le journaliste de Mediapart David Perrotin prétend être « rassuré », car les équipes du média en ligne ont « un dossier très lourd ». Elles ont d’ailleurs précisé que les anciens collaborateurs ont « accepté, au cas où la députée attaque Mediapart en diffamation, de témoigner auprès du tribunal des propos et des faits détaillés dans l’article ».

Laetitia Avia, récidiviste ?

Ce n’est en effet pas la première fois que la députée se fait remarquer par son comportement. En juin 2017, la députée avait mordu un chauffeur de taxi selon un rapport de la police municipale. Alors que le terminal de carte bancaire ne fonctionnait pas, la députée avait insisté pour régler par carte sa course d’un montant de 12 euros. Menaçant « de planter là le chauffeur », ce dernier a redémarré afin de l’amener retirer à un distributeur automatique. La députée, outrée, l’a donc mordu à l’épaule afin qu’il s’arrête. Lors de l’arrivée des forces de l’ordre, l’élue, « sur un ton condescendant, […] annonce verbalement son identité ainsi que sa qualité de parlementaire ». Elle reconnaîtra également avoir mordu le chauffeur devant les forces de l’ordre, prétendant d’autre part avoir « eu très peur » d’être séquestrée. Plus récemment, en mars dernier et en plein confinement, Laetitia Avia aurait ordonné à une collaboratrice, confinée dans le Gard, de revenir à Paris afin d’y télétravailler. « Rien ne la prédestinait à entrer dans ce lieu » déclarait à son sujet le premier ministre à l’Assemblée Nationale en 2017. En effet Édouard, et il ne faut pas toujours forcer le destin.

La loi Avia très controversée

La proposition de loi portée par la députée LREM Laetitia Avia prévoit d’instaurer l’obligation, pour les plateformes et moteurs de recherche, de retirer tout contenu « manifestement » illicite sous 24 heures, sous peine d’une condamnation à des amendes pouvant aller jusqu’à 1,25 million d’euros. Cependant, cette loi est loin de faire l’unanimité : la liberté d’expression pourrait être en danger. En juillet 2019, la Commission Nationale Consultative des Droits de l’Homme (CNCDH) avait émis un avis défavorable à l’égard du texte. L’institution justifiait cette décision sur le fait que « ce texte fait peser une menace disproportionnée sur la liberté d’expression en raison de la procédure envisagée. Celle-ci fait reposer l’appréciation du caractère illicite d’un contenu sur les plateformes, via des algorithmes et des modérateurs peu formés, en lieu et place de l’autorité judiciaire ». Malgré les oppositions du Rassemblement National et de la France Insoumise qui dénoncent respectivement une menace sur « les libertés publiques » à travers une loi qui « déresponsabilise l’État », la loi Avia doit être adopté aujourd’hui en ultime lecture à l’Assemblée Nationale.

Ce texte est également le premier à être présenté devant l’hémicycle à ne pas avoir de lien avec la crise du coronavirus, depuis le début de l’épidémie en France. Une belle entrée en matière pour « le Monde d’après » !

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