Logements fictifs, notes de frais abusifs : quand des membres de la Cour des comptes européenne se gavent

D’après une enquête menée par Libération, plusieurs membres de la Cour des comptes européenne toucheraient des primes et rémunérations illégales dans le cadre de leurs fonctions.

Vendredi 26 novembre, le journal Libération a publié les conclusions d’une investigation concernant les membres de la Cour des comptes européenne. Primes de logement pour des domiciles fictifs, abus de notes de frais… Une dizaine de membres de l’organisme dont le président Klaus-Heiner Lehne, n’ont pas fait preuve d’exemplarité, bien au contraire. Un comble pour l’institution chargée, entre autres, de contrôler l’utilisation de l’argent européen.

Des logements fictifs

Un tiers des membres de la Cour des comptes ne font acte de présence au Luxembourg qu’à de très rares occasions. Ces derniers toucheraient pourtant une prime au logement bien généreuse en s’y domiciliant fictivement. C’est le cas du président de l’Institution Klaus-Heiner Lehne. Il est soupçonné d’occuper fictivement un duplex avec trois autres membres de son cabinet. Cette stratégie leur permettrait d’empocher des indemnités de logement mensuelles s’élevant à 15% de leur salaire, soit environ 3.500 euros. De plus, une prime généreuse de 40.000 euros relative aux frais de déménagement et d’installation s’ajoute à l’addition. Depuis sa prise de fonction en 2014 jusqu’à sa nomination en tant que président de la Cour, Lehne aurait ainsi perçu 325.000 euros. Celui-ci réside en réalité en Allemagne puisqu’il est encore actif au sein de son parti. Une pratique d’ailleurs contraire aux normes éthiques exigées par la Cour.

Un train de vie bien (trop) confortable

Les fraudes ne se réalisent pas seulement sur les logements fictifs. Pour exemple, Karel Pinxtel, un membre belge de la Cour s’est vu condamné en septembre dernier pour avoir continué à assister aux réunions de son parti. Il lui a également été reproché de toucher des indemnités correspondant à des frais de carburants, ou encore des notes de frais abusifs. Il a ainsi touché une somme s’élevant à 473.000 euros. La Cour de justice européenne a amputé les deux tiers de ses droits de pensions liés à ses mandats en guise de sanction.

Mais ce n’est pas tout. Dans l’enquête, on apprend qu’en échange d’un prélèvement de 100 euros par mois sur leur salaire, les membres de la Cour se voient attribuer un véhicule de fonction avec chauffeur. Une somme bien dérisoire par rapport aux frais de fonctionnement des véhicules. En plus de ça, l’investigation met en lumière l’utilisation abusives et à des fins privées de ces derniers.

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La Cour se défend

Interrogée par Libération, la Cour assure pourtant que tout va bien. L’institution garantit que les systèmes de contrôle de l’institution ont été révisés pour éviter ce genre d’abus à l’avenir, et qu’aucun cas similaire n’a été détecté. Pour montrer patte blanche, la Cour explique également rendre publics les détails des voyages et missions de ces membres. D’après l’organisme, « une revue par les pairs du cadre éthique de la Cour a été effectuée en 2019 par deux institutions supérieures de contrôle de l’UE, apportant des conclusions positives pour la Cour. La Cour œuvre de manière continue à l’optimisation de ses procédures et contrôles ».

En bref, circulez, y a rien à voir !

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