D’après l’association les petits frères des pauvres, pas moins de 530.000 personnes âgées vivent une situation de « mort sociale ». Un chiffre en hausse
L’étude sortie par l’association qui lutte contre l’isolement des ainés n’a rien de réjouissante. En effet, depuis 2017, les personnes âgées en situation de « mort sociale » auraient augmenté de près de 77%. 530.000 personnes âgées sont ainsi éloignées de tout cercle de sociabilité ; en 2017 elles n’étaient pourtant que 300.000. Pire, le nombre d’ainés éloignés de toute relation amicale ou familiale a explosé de 122%, passant de 900.000 en 2017 à 2 millions aujourd’hui.
Un effet covid
Bien évidemment, la crise sanitaire n’est pas étrangère à l’explosion de ces chiffres. Très vulnérables au virus, les personnes âgées se sont en effet souvent isolées pour ne pas tomber malades. Les anciens qui avaient un cercle social déjà bien fragile se sont donc retrouvés très vite isolés. D’après un sondage extrapolé, pas moins de 6.5 millions de personnes âgées ont déclaré se sentir souvent seules, soit 36% des plus de 60 ans.
Une société fracturée
Si certaines familles vivent en communauté avec leurs ainés jusqu’à la fin de leur vie, cette pratique semble se rarifier de plus en plus. En effet, aujourd’hui, les mentalités ont souvent évolué vers plus d’individualisme. D’autant que la vie des Français s’est considérablement allongée et certaines personnes dépendantes peuvent représenter une lourde charge pour les plus jeunes. Le monde évoluant beaucoup plus vite qu’auparavant, il devient aussi de plus en plus compliqué de se comprendre entre génération. 3.5 millions de plus de 60 ans sont ainsi par exemple exclue du numérique.
Un lien entre isolement et précarité
Les individus les moins fortunés semblent, par ailleurs, parmi les plus touchés par ces problématiques. « Plus les revenus sont faibles, moins on s’investit dans le secteur associatif. Plus les revenus sont faibles, moins on se sent heureux. Plus les revenus sont faibles, plus le sentiment de solitude est exacerbé. Plus les revenus sont faibles, plus l’exclusion numérique est prononcée » rapporte l’association.
Une économie qui broie tout sur son passage
Le tissu social que représentent les petits commerces locaux devient également un enjeu de taille. Les multinationales semblent en effet avoir pris le pas sur bien des indépendants. Dans une logique de rentabilité et d’efficacité, le dialogue apparait de moins en moins propice. D’autant plus que les personnes âgées ont souvent une mobilité réduite et ne peuvent guère se déplacer dans les zones périphériques. En milieu rural et dans les villes moyennes, ce phénomène peut devenir dramatique. Dans ce contexte, les services de proximité ont un rôle crucial à jouer. Or, dans certaines zones ces services sont de moins en moins nombreux…
« Là j’en suis arrivée à faire couper un trou dans ma haie pour voir les gens qui passent de l’autre côté. Quand il y a des gens qui passent je suis contente. Ce n’est pas pour espionner, c’est pour voir des gens. » témoigne Denise, 81 ans à l’association.
Un glissement vers la mort
Cet isolement n’est pas sans conséquence puisqu’elle touche bien évidemment le moral des concernés. À tel point que certains se laissent simplement « glisser vers la mort » comme l’explique un psychiatre interrogé par l’association. Une situation qui risque encore de s’empirer tant les logiques comptables et individualistes qui étreignent notre société semblent avoir de beaux jours devant elles…
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