Premières manœuvres communes de l’Iran, la Russie et la Chine en mer d’Oman

L’Iran, la Russie et la Chine ont entamé quatre jours d’essais militaires conjoints en mer d’Oman. Des manœuvres aéronavales qui interviennent dans un contexte de tensions multiples entre d’un côté Téhéran et ses alliés, et de l’autre Washington et son allié l’Arabie saoudite. Les États-Unis n’ont pour le moment pas réussi à rallier totalement les principales nations d’Europe à leur cause. Ces dernières semblent de moins en moins peser dans la région, alors qu’un « nouveau triangle de pouvoir maritime », oriental, se dessine.  

Ces manœuvres aéronavales conjointes ont débuté hier, 27 décembre, et doivent se poursuivre jusqu’au 30 décembre. Elles sont destinées notamment à améliorer la coopération militaire entre les trois pays. La Russie a dépêché trois navires et la Chine a déployé le destroyer Xining. Un choix fort puisque les destroyers chinois sont réputés pour être les meilleurs au monde dans cette catégorie de navire très complets, possédant des moyens de lutte antiaérienne, anti-sous-marine et antinavire. « Il s’agit d’échanges militaires normaux, conformes au droit et aux pratiques internationales » selon Wu Qian, l’un des porte-paroles du ministère chinois de la Défense.

« Ces exercices ont pour but de renforcer la sécurité du commerce maritime international, de combattre la piraterie et le terrorisme, et de partager informations et expériences entre les armées » ont complété les autorités iraniennes. La mer d’Oman est un lieu hautement stratégique : un cinquième du pétrole mondial circule par le détroit d’Ormuz, porte d’accès au Golfe persique où sont situées les pétromonarchies arabes.


Des exercices qui interviennent dans un contexte particulièrement tendu

C’est la première fois que les trois pays organisent des manœuvres communes, dans cette région très sensible. La Russie et l’Iran sont déjà en coopération en Syrie et soutiennent le pouvoir en place de Bashar al-Assad, avec l’aide de leur allié chinois. Les États-Unis quant à eux sont des alliés historiques de l’Arabie saoudite, et s’opposent aux régimes syrien et iranien.

Attaque au drone d’un géant pétrolier en Arabie saoudite : l’Iran en ligne de mire

Outre les actes de piraterie, cette région est le foyer de tensions importantes. En septembre dernier, la responsabilité d’une attaque contre deux installations pétrolières saoudiennes a été immédiatement attribuée à l’Iran par l’Arabie saoudite, les Etats-Unis, la France et l’Allemagne. Auparavant, une demi-douzaine de cargos pétroliers ont été la cible de sabotages également attribués par plusieurs pays à l’Iran. Toutefois, le point de tension maximal avait été atteint en juin avec la destruction en vol d’un drone américain par la défense antiaérienne iranienne.

Tout cela intervient également dans le contexte de l’Accord de Vienne de 2015 sur le nucléaire iranien. Cet accord-cadre, signé entre les principales puissances mondiales et l’Iran avait pour but de contrôler le programme nucléaire iranien et, en échange, de lever les sanctions économiques que la « communauté internationale » imposait au pays.


Washington s’est retiré unilatéralement de l’accord en mai 2018, et a rétabli les sanctions. Or, selon la résolution 2231 de cet accord, les sanctions internationales contre les ventes d’armes à l’Iran seront automatiquement levées en 2020. La Chine et la Russie affichent donc un soutien de plus en plus grand à l’égard de l’Iran. Ces deux pays sont voués à devenir les nouveaux partenaires militaires clés de l’Iran pour de futures ventes d’armes (bâtiments de guerre et avions de combat…).


Le bloc sino-russe futur patron de la région ?

Ce type de rapprochement est tout sauf anodin et l’Iran s’en félicite.  «Des exercices militaires conjoints entre plusieurs pays, que ce soit sur terre, en mer ou dans les airs, indiquent une remarquable expansion de la coopération.» a déclaré l’amiral iranien Hossein Khanzadi, évoquant également « un message au monde ».  La télévision d’État a parlé, quant à elle, d’un « nouveau triangle de pouvoir maritime ». Ce nouveau pouvoir peut-il faire basculer le rapport de force dans la région ?


De surcroît, ces manœuvres interviennent alors que les USA tentent de mettre en place, sans succès depuis plusieurs mois, une coalition navale internationale sous leur commandement, pour assurer le transport maritime dans les eaux du Golfe.  L’Allemagne et le Japon ont d’ores et déjà décliné l’offre.

De son côté, la France tente, également sans grand succès, de bâtir une opération européenne dans le Golfe. « Cette opération aurait pour but d’aider à établir les faits, assurer la présence et, surtout, calmer les esprits » d’après la ministre française des Armées, Florence Parly. De manière générale, l’Europe apparaît de plus en plus absente des enjeux stratégiques de cette région du monde. En outre, elle pèse de moins en moins militairement sur la scène internationale, faute de véritables coopération et d’armées aptes aux opérations extérieures au sein des pays membres.

Le Média pour Tous

Vous êtes les garants
de notre indépendance

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Vous connecter avec
vos identifiants

Si vous n'avez pas de compte : Créer un compte